Prix public : 20,00 €
Où que j'aille, je n'ai rencontré que de tristes automnes... Ainsi s'exprimait le plus grand des poètes Chinois, Du Fu, il y a plus de douze siècles, au soir de sa vie. Comme Ovide avant lui, c'est l'exil et l'isolement qui le conduisent à cet aveu où l'amertume se conjugue avec le tourment d'être le témoin de la déchéance du plus grand Empire que le Fils du Ciel ait jamais bâti. Face aux moralistes confucéens qui n'avaient su ni reconnaître son talent ni prévenir la chute de son Souverain, Du Fu exprime une émotion dans laquelle se manifeste une forme authentique d'identité, en rupture profonde avec une pensée fondée sur la négation de l'autonomie des Etres par rapport à l'harmonie du Tout. C'est dans cette tension entre morale collective et éthique privée que l'on peut chercher les bases de l'humanisme en Chine. La poésie chinoise n'a cessé de transgresser les frontières de la philosophie confucéenne pour exprimer le désarroi de l'individu face à l'impuissance publique. L'individu s'affirme comme une entité irréductible quand il ne reste plus rien autour de lui : ni Souverain, ni Rituel, ni Morale. L'identité apparaît alors dans sa plus nue vérité. Ce livre retrace le chemin parcouru par les poètes chinois de l'antiquité jusqu'à la dynastie des Tang pour exprimer leur altérité. Croisant la poétique et la philosophie, l'auteur décode une série de poèmes et démontre que le concept d'identité n'est pas étranger à la culture chinoise. L'ouvrage contient la première traduction française du texte intégral de la Grande Préface du Livre des Poèmes (Shijing), accompagnée de son commentaire Tang. La plupart des poèmes présentés sont également inédits en français. À propos de l'auteur : Nicolas Chapuis, né en 1957, est diplômé en études chinoises de l'Institut National des Langues et des Civilisations Orientales et de l'Université Paris VII. Il est l'auteur de plusieurs traductions, dont les essais de poétique de Qian Zhongshu.