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L'ombre de Turgot semble avoir jeté dans l'oubli les autres intendants de la généralité de Limoges. Tourny et d'aine sont quelquefois cités, mais les commissaires départis du 17e siècle ne sont pas restés dans la mémoire collective. Les historiens du Limousin et de l'angoumois se sont peu intéressés à eux, alors que la fin du règne de Louis XIV a été marquée par des événements tragiques : vingt ans de conflits, deux famines majeures et la Révocation de l'Édit de Nantes. Étudier l'action des intendants de 1683 à 1715, à travers leur correspondance avec les ministres et les arrêts du Conseil, permet de se situer dans une double perspective, celle de l'histoire de la province en période de guerre et de crises de subsistance et celle de l'évolution de l'administration provinciale. Neuf commissaires départis, tous maîtres des requêtes, se succédèrent pour administrer la généralité. Ils se heurtèrent à des réalités antagonistes : l'augmentation des besoins de l'État, la dégradation de la situation démographique et économique, l'impécuniosité croissante des contribuables. ils durent oeuvrer entre le possible et l'impossible. Avec des pouvoirs toujours renforcés par des arrêts du Conseil, les intendants eurent un double rôle d'agents de la politique louis-quatorzienne et de protecteurs des sujets du Roi. Agents uniques « de toutes les volontés du gouvernement », ils en furent, en premier lieu, les informateurs ; ils étaient l'œil du Conseil dans la province. Ils devaient également veiller à la répartition équitable et au recouvrement rapide des impôts, apporter leur soutien aux commis des traitants des affaires extraordinaires. Le service du Roi concernait aussi les affaires militaires (levée de la milice, organisation du quartier d'hiver des troupes, direction des forges d'angoumois et du Périgord). Enfin, les intendants participèrent aux efforts de conversion des protestants. Protecteurs des sujets du Roi, les intendants exercèrent des pouvoirs de justice et de police, mais leur mission essentielle, à ce titre, fut d'assurer la subsistance des habitants en période de famine. À la fin du règne, ils atténuèrent la misère et la disette par la création d'ateliers publics ou par l'importation de céréales. aux moments plus favorables, ils travaillèrent au bien-être de la population. En raison de l'indéniable dégradation de la situation à la fin du règne, on a reproché une certaine inefficacité aux intendants. Cependant, ceux-ci ne cessèrent de lutter, jusqu'à réussir parfois l'impossible, pour satisfaire aux exigences du gouvernement et protéger les habitants, travaillant alors à la gloire du Roi et au bien de l'État.