Prix public : 30,00 €
Le sphinx égyptien et la sphinx grecque partagent dès l'origine, outre l'hybridisme, l'homonymie et le goût du mystère, une prédilection certaine pour les espaces arides, déserts ou rochers. Aussi est-il singulier de les trouver réunis en plein océan romanesque, au milieu du dix-neuvième siècle, chez H. Melville et V. Hugo. Animaux, tempêtes, marins y prennent noms et attributs sphinxiaux. C'est, en premier lieu, à cette émergence maritime récurrente et incongrue, donnant à voir, dans une condensation mythique inédite, l'interrogation par l'homme des mystères universels, que se consacre Le sphinx et l'abîme. Mais la figure énigmatique ne se contente pas de mentions explicites. Autour des sphinx visibles s'inventent des modes secrets du dire, signes de leur dissémination structurelle. C'est ainsi, parallèlement, à une comparaison des poétiques de l'énigme élaborées par les deux auteurs que s'applique le discours critique. Il entraîne le lecteur dans un parcours réticulaire, qui tient à la fois de l'enquête littéraire et du voyage imaginaire. Après avoir, dans une riche introduction historique, étudié les différents liens symboliques et métaphoriques entre les imaginaires du sphinx et de la mer depuis l'Antiquité, puis tracé les conditions de leur renouveau au dix-neuvième siècle, l'ouvrage se penche tour à tour sur Moby Dick et Les Travailleurs de la mer, étendant in fine son approche à d'autres oeuvres poétiques et romanesques de leurs auteurs.