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Le mythe, c'est ce qui reste une fois que d'un texte, on a prélevé toute trace d'un autre texte. Ombre portée d'une parole oubliée, on l'obtient donc par soustraction. Ou par addition : par montage d'informations, d'entretiens. Le mythe n'est donc jamais là, donné, mais toujours fabriqué par le mythographe. Voilà à quoi conduit l'examen des plus grands maîtres en la matière : Griaule, Dieterlen, Dumézil. S'essayer, dans ces conditions, à construire une " mytho-logique " avec Lévi-Strauss, ou parler de " pensée mythique " comme beaucoup d'autres est donc proprement illusoire. Mais même les esprits les plus critiques à ce sujet, Détienne par exemple, n'arrivent pas à renoncer à cette pseudo-notion. C'est donc que quelque chose demande encore à y être pensée, quelque chose qui n'est nullement propre à l'Autre (qu'il soit antique, petit-bourgeois, sauvage ou exotique), mais qui nous habite aussi bien : la narrativité comme mise en forme du divers sensible vers l'unité de l'entendement – ce que Kant nommait schématisme, et qu'on retrouve tout autant à l'œuvre au cœur même de la recherche la plus scientifique. Quelques écrits d'Einstein examinés ici sont, à cet égard, éclairants.