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Dans l'ensemble sud-américain, comme dans celui de l'outre-mer français, la Guyane française se définit comme une périphérie singulière. Sous-peuplée, elle se caractérise aussi par la permanence d'un lien exclusif et monovalent avec le centre tutélaire métropolitain. Dès lors, l'articulation entre pouvoirs, mobilités et espaces – déclinée à plusieurs échelles dans l'espace et dans le temps forme un cadre analytique intégrateur. Il permet de saisir les recompositions territoriales actuelles, caractérisées par une structure cloisonnée de l'espace guyanais et révélatrices d'un espace approprié mais non intégré. Ainsi, le bassin fluvial transfrontalier du Maroni s'est constitué comme un territoire spécifique fondé sur les logiques communautaires des groupes de marrons, résistant à l'appropriation nationale portée par l'idéologie assimilationniste. La mobilité est un facteur structurant l'espace et induit l'émergence d'un pouvoir local institutionnalisé. A l'échelle régionale, la structure tricéphale de l'espace guyanais polarisée sur le littoral évoque un processus similaire, mais fondé sur la légitimation du pouvoir national. Pourtant, la notion de crise des territoires prévaut à la qualification de cette région monodépartementale. A partir du milieu des années 1990, elle renvoie à une crise structurelle globale, révélée par la fonction miroir que constituent les migrations spontanées brésilienne, haïtienne et surinamaise. Le lien exclusif est remis en cause localement, puis entériné par la loi d'orientation (décembre 2000) et l'intégration à l'Union européenne. Cependant, alors que la Guyane devient le support d'une économie mondialisée, elle reste, paradoxalement, en marge des jeux de pouvoirs supranationaux au sein de l'espace sud-américain. Mots-clés : pouvoirs, mobilités, migrations, intégration, Guyane française, Maroni, Europe, colonisation, assimilation, communauté, marrons, créoles, décentralisation, périphérie, départements d'outre-mer.