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Dans ce court essai, Joseph Gabel se propose d’intégrer un concept clé de la pensée marxiste, la réification, à l’analyse psychopathologique d’une forme de schizophrénie. L’application du concept de réification, issu de la philosophie politique, au domaine de la psychiatrie, apparaît comme une tentative de l’auteur visant à jeter des ponts entre des disciplines distinctes. Par son élaboration d’analogies fécondes, Joseph Gabel espère parvenir à l’élargissement des champs de recherche respectifs de chacune des disciplines auxquelles il fait appel. Dans un système d’économie capitaliste, la réification désigne le processus de rationalisation à outrance qui tend à pétrifier le fonctionnement de l’ensemble de la société. L’homme de l’univers réifié appartient à un monde déshumanisé, qui tend à réduire l’aspect qualitatif de la vie à une chose composée d’éléments quantifiables. La conscience réifiée ressemble ainsi, en de nombreux points, à celle du patient souffrant de schizophrénie, dans la mesure où elle établit un rapport d’étrangeté radicale à l’idée de mouvement, et plus largement à celle d’Histoire. Les différents résumés d’observations de schizophrènes que joint Joseph Gabel à son essai s’avèrent d’ailleurs édifiants. Incapable d’envisager la multiplicité des facettes d’un objet ou faisant preuve d’un détachement complet à l’égard des questions morales, le schizophrène apparaît donc comme un individu souffrant de symptômes analogues à ceux que le processus de réification étend à l’ensemble de la société moderne. En se fondant sur les acquis de la pensée marxiste qu’il confronte à de nouveaux objets d’études, Joseph Gabel parvient à ouvrir de nouvelles perspectives d’analyses, qui trouveront des applications tant dans l’étude de nouvelles formes de schizophrénie que dans la psychologie sociale.