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"Ces premiers hommes reproduits entraient dans le champ visuel de la photographie sans antécédents ou, pour mieux dire, sans légende. Les journaux étaient encore des objets de luxe que l'on achetait rarement, que l'on consultait plutôt dans les cafés ; le procédé photographique n'était pas encore devenu son instrument et peu de gens voyaient leur nom imprimé. Du visage humain émanait un silence, qui reposait le regard." Quand Arago défend l'invention de Daguerre, le 3 juillet 1839, devant la Chambre des députés, il précise qu'un instrument mis au service de l'étude de la nature n'est rien à côté de toutes les découvertes dont cet instrument peut être à l'origine. On ne saurait être plus prophétique. Ce texte de 1931 précède les différentes versions de L'Œuvre d'art à l'époque de sa reproductibilité technique, qui a rendu célèbre la notion d'"aura", mise à mal avec l'apparition et la multiplication des moyens de reproduction. C'est aussi ici que Benjamin aborde la notion d'"inconscient optique", l'arrêt sur image ou l'agrandissement permettant de sonder le réel comme la psychanalyse sonde les pulsions humaines. À la lumière de sa propre intimité, l'auteur évoque les images des grands noms qui ont marqué l'histoire de cet art : August Sander, Karl Blossfeldt, Eugène Atget ou encore Nadar. Première analyse poussée et tout à la fois pédagogique de ce médium, à la fois dans ses images et dans sa technique même. Comme dans L'Œuvre d'art à l'époque de sa reproductibilité technique, Benjamin interroge dans une perspective sociale et politique le médium photographique, depuis sa découverte jusque dans les années 1930.