Prix public : 25,00 €
“Richard Hell s’était fabriqué un tee-shirt avec marqué Please Kill Me, mais il ne le voulait pas le porter. J’ai dit : ‘Je vais le mettre, moi.’ Alors je l’ai mis quand on a joué à l’étage au Max’s Kansas City, et, après le concert, ces gamins se sont pointés vers moi. Ces fans m’ont jeté ce regard vraiment psychotique – ils ont regardé aussi profond qu’ils ont pu dans mes yeux – et ils ont demandé : ‘T’es sérieux ?’ Puis ils ont poursuivi : ‘Si c’est le cas, on se fera un plaisir de t’obliger, parce qu’on est tes plus gros fans !’ Ils n’arrêtaient pas de me mater, avec ce regard sauvage, et je me suis dit: ‘C’est la dernière fois que je porte ce tee-shirt.’” Please Kill Me est le fruit (vénéneux) de centaines d’heures d’entretiens avec ceux qui ont animé l’un des mouvements culturels et musicaux les plus détonants de la fin du XXe siècle : le punk-rock américain. Réalisé sous forme de montage nerveux, extrêmement vivant et souvent impitoyablement drôle ou tragique, ce livre dans lequel les voix se répondent rarement pour s’accorder nous offre une plongée incroyable dans la vie quotidienne pleine de bruit et de fureur, de drogues, de catastrophes, de sexe et de poésie (parfois) du Velvet Underground, des Stooges d’Iggy Pop, du mc5, des New York Dolls et des Heartbreakers de Johnny Thunders, de Patti Smith, de Television, des Ramones ou encore de Blondie. Avec gouaille, une verve redoutable ou un humour pince-sans-rire, les acteurs ressuscitent pour nous les anecdotes les plus délirantes des différentes époques de leur vie, à tel point qu’on a l’impression de partager avec eux leurs galères, qu’on étouffe de rire à l’évocation des frasques d’Iggy Pop déchaîné ou d’un impayable Dee Dee Ramone. L’enchaînement irrévérencieux des points de vue provoque des effets comiques souvent irrésistibles, puisqu’ici, comme l’indique le sous-titre, aucune censure n’a cours : les amitiés indéfectibles côtoient les antipathies persistantes et les amours explosives (Connie et Dee Dee, Sid et Nancy). Personne ne semble pourtant avoir la moindre honte à dévoiler ce qui fut bien souvent un mode de vie extrême, moins centré, par rapport au punk anglais, sur l'image et dédié avant tout à une certaine forme d'innoncence paradoxale, refusant aussi bien les idéaux peace and love éculés des années 60 que la culture de l’argent roi qui se profilait avec l’arrivée des années 80. Mais cette innocence verse un lourd tribut à ses excès (overdoses, coups de couteau, prostitution) et manipule la dérision comme une arme de destruction massive.