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Nouvelles dictatures européennes et Seconde Guerre mondiale La montée des périls (1920-1939) "Au pays des voix, il existe aussi une Forêt Noire, et aussi des villages et aussi des fleuves, et aussi des nuages, exactement comme sur la terre. Sauf que sur la terre on ne peut pas les voir, juste les entendre. Et ainsi on ne voit pas non plus sur la terre tout ce qui se passe au pays des voix, on l'entend seulement. Vous y serez à peine entrés, toutefois, que vous y trouverez vos repères aussi bien qu'ici." Bienvenue au "pays des voix". Ce pays sans frontière où règnent les personnages les plus attachants : Peter Munk le Charbonnier, le petit homme de verre, le roi de la piste de danse ou encore Ezéchiel. Dans Le Cœur froid, merveilleuse adaptation pour la radio d'un conte pour enfants de Wilhelm Hauff, Walter Benjamin nous fait sentir toutes les possibilités poétiques de ce médium, qui vient alors tout juste de faire son entrée dans les foyers européens. Le seul micro parvient à nous entraîner dans un récit aux péripéties rocambolesques. Le bien-nommé Charivari autour de Kasperl donne lui aussi naissance à des caractères bien taillés, tel Monsieur Forgengueul ou encore Lipsuslapus, plongés dans une brume épaisse qui figure tout ce que l'on ne peut voir à la radio. L'imaginaire, celui des enfants autant que celui des adultes, avec des pièces comme Lichtenberg, va nécessairement galopant. Un théâtre radiophonique est né. À l'image d’Orson Welles qui, en 1938, terrorisa les américains avec son canular radiophonique annonçant une pseudo attaque martienne, Walter Benjamin perçoit très rapidement l'incroyable popularité de la radio et la possibilité qu'elle offre d'influer sur la vie de chacun. Dans ses Modèles, il met en scène des situations de la vie quotidienne, que ce soit la manière idéale de négocier une augmentation de salaire ou les écueils à éviter pour qu'une dispute de couple ne finisse en divorce. Ces Modèles, si stupéfiants soient-ils, se veulent avant tout didactiques. L'espace radiophonique, non comme outil de vulgarisation mais pour l'intérêt qu'il suscite auprès d'un large public, devient pour Benjamin le lieu par excellence d'application pratique de ses réflexions sur les moyens de reproductibilité technique et la popularisation de la culture. Il esquisse ici une théorie de la radio, comme le montre un ensemble de lettres et de textes inédits en français qui viennent compléter cette édition. Un nouveau visage de Walter Benjamin, ou plutôt une voix nouvelle, se fait ici entendre. Avec humour, un talent incontestable de metteur en scène et une verve de dialoguiste, Walter Benjamin montre que la radio est un outil, littéraire, pédagogique et culturel, d'exception. Traduit de l'allemand par Philippe Ivernel Préface de Philippe Baudouin