Prix public : 15,00 €
4’33” s'est étendue au point de devenir une rivière infinie dans laquelle chacun de nous peut plonger quand nous le souhaitons. On peut lui donner un cadre, sur scène ou sur disque, pour attirer l'attention sur elle. Mais pour ceux qui ressentent quelque affinité avec la façon dont Cage appréciait la physicalité du son, même cela n'est plus nécessaire. "Vous ne croyez pas que cette fois, John est allé trop loin ?" demanda la mère de John Cage suite à la première représentation de 4’33’’ en 1952. Aucun son ne s'était alors fait entendre. Du moins, aucun son issu de l’instrument du pianiste David Tudor. Et pour cause, puisque sa partition ne comportait aucune note. Par contre, de multiples bruits, grincements de chaises et autres éternuements, étaient susceptibles d'envahir le silence. John Cage accomplissait là l'une des pièces de l'avant-garde musicale les plus influentes. Cette œuvre exerça même une emprise bien au-delà du strict cadre de la musique. Son retentissement fut énorme. De ce moment unique, Kyle Gann retrace l'histoire et la postérité. Il dresse la généalogie de cette œuvre inouïe, de ses origines jusqu'à son héritage contemporain dans la musique pop. Ce faisant, il dessine un portrait extrêmement sensible du compositeur, parvient à nous communiquer la fascination qu'il a exercée sur ses contemporains et à retracer la genèse de cette composition, qui est à rechercher autant dans la musique que dans les philosophies occidentales et orientales. Par le prisme de ces quelques minutes, une fresque intellectuelle, sensible et culturelle se déploie sous nos yeux. L'on rencontre Erik Satie, Marcel Duchamp, côtoyons Arnold Schoenberg, Robert Rauschenberg, Philip Glass, plongeons dans Henry David Thoreau avant de se ressourcer dans les philosophies zen. Un livre plein de bruit et de fureur. Traduit de l'anglais par Jérôme Orsoni. Ouvrage illustré et enrichi d'une discographie.