Prix public : 24,80 €
Au cours des quatre années qui précèdent la seconde guerre mondiale, les « grandes espérances » des deux hommes se ternissent singulièrement. Leurs destinées divergent de plus en plus et leur correspondance est irrégulière; du fait de leur éloignement leurs liens semblent parfois se distendre. En effet Alexandre Vialatte est désormais installé à Paris, rue Broca avec femme et enfant. Mais les tensions familiales, les incertitudes professionnelles, les difficultés financières s'accumulent et le poussent à s'éloigner; il accepte donc, de 1937 à 1939, un poste au lycée franco-égyptien d'Héliopolis, dans la banlieue du Caire. Il revient au début de l'été 1939, peu avant que ne soit donné l'ordre de mobilisation générale. Pourrat mène une vie beaucoup plus paisible, familiale et campagnarde. Il fait désormais figure de notable local, découvreur de talents, conseillant les débutants dans leur carrière. Il publie beaucoup: des guides, des essais et deux recueils de contes; mais l'essentiel pour lui est le roman qu'il ne cesse de remanier et qui ne paraîtra pourtant qu'en 1941. Vialatte de son côté est devenu le traducteur attitré de Kafka et de Nietzsche; et il continue à publier dans la presse. Pourtant, malgré les encouragements insistants de Pourrat, il ne parvient pas à faire aboutir un seul roman. C'est aussi le contexte national et international qui s'est tragiquement assombri: les inquiétudes des deux amis affleurent parfois - rarement - dans leur correspondance. Ils évoquent plutôt leur vie familiale, leur travail, leurs difficiles relations avec les éditeurs. Ce volume permet donc surtout de dresser un panorama du champ littéraire de l'époque: la place nouvelle qu'y occupent les femmes, les relations entre la vie intellectuelle provinciale et parisienne, et les mutations dans le monde de l'édition.