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L'héritage épistolaire de Marina Tsvetaeva, une des plus grandes voix poétiques russes du XXe siècle (1892-1941), est particulièrement volumineux. On connaît bien en France sa correspondance avec Rilke et Pasternak. Anna Teskova, à qui sont envoyées ces lettres, était responsable d'une organisation russo-tchèque d'aide aux Russes émigrés en Tchécoslovaquie. En 1922, elle invite Marina Tsvetaeva, émigrée depuis peu à Prague, à une soirée littéraire. C'est ainsi qu'elles font connaissance et que débute leur longue amitié. Amitié essentiellement épistolaire car, dès la fin de 1925, Tsvetaeva quitte Prague pour Paris. De cette correspondance qui couvre la période de novembre 1922 à juillet 1939, nous ne percevons que la voix de Tsvetaeva. Sur fond du pont Charles de Prague, des faubourgs parisiens, avec pour trame le stalinisme en URSS, la montée du fascisme en Europe, dans l'atmosphère lourde de l'émigration russe à Paris, dans les vapeurs de cuisine et la misère au quotidien, se détache la silhouette frêle, forte et fragile de Marina Tsvetaeva. Elle y dit l'amour et la poésie, le maternel et le féminin, la nostalgie, l'arrachement, la solitude, sa foi dans la vie et dans l'homme. De l'infiniment petit à l'infiniment grand, on la suit dans sa démesure et l'on perd le souffle devant cette prodigieuse capacité à conjuguer à tous les temps et à tous les modes le verbe aimer.