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La littérature sur l’attentat manqué contre Hitler du 20 juillet 1944 est très abondante, de même que les biographies sur Claus von Stauffenberg, son initiateur. On sait cependant peu de choses sur le sort des familles des conjurés et sur leur rôle dans cet événement. Le 21 juillet 1944, Nina, l’épouse de Claus, informe ses deux fils de huit et dix ans que leur père a fait une erreur et qu’il a été exécuté pendant la nuit. Elle ajoute : « Que la Providence protège notre bien-aimé Führer. » Les garçons n’apprendront qu’à la fin de la guerre que leur père était en réalité un héros, et que leur mère a menti pour les protéger. « La famille Stauffenberg sera détruite jusqu’au dernier membre » déclare Hitler après l’attentat. La Sippenhaft, politique selon laquelle toute la famille était considérée comme complice des crimes ou trahisons commis par un des siens, signifiait que Nina et ses enfants seraient arrêtés, interrogés, voir exécutés. Nina est effectivement arrêtée deux jours plus tard, et commence près d’un an d’isolement : dans les prisons SS, au camp de concentration de Ravensbrück et dans les hôpitaux. L’auteure s’efforce ici de réparer une double injustice. Elle concerne d’abord son père, longtemps présenté par l’historiographie comme un opportuniste. Preuves à l’appui, Konstanze von Schulthess démontre que son père a commencé à prendre ses distances avec Hitler dès la Nuit de cristal en 1938. Il réalise alors le caractère criminel du régime. A l’été 1941, les premiers contacts entre les futurs conjurés sont pris ainsi que la décision d’assassiner Hitler. Les discussions, les réunions clandestines, les personnages-clés sont évoqués. Claus déclarait que « celui qui ose faire quelque chose doit être conscient que c’est bien en tant que traître qu’il entrera dans l’Histoire allemande. Cependant, s’il s’abstient d’agir, il serait alors un traître face à sa propre conscience ». Konstanze von Schulthess tient également à rétablir la vérité sur sa mère. Traitée souvent par les biographes comme une ménagère aigrie, ignorante, elle était en réalité au courant dès le début des projets de son mari et de leur issue incertaine. Basé sur des entretiens, de nombreux documents, lettres et archives familiales, l’ouvrage revient sur le destin exemplaire de Nina von Stauffenberg et en fait le portrait d’une femme forte, moderne et indépendante à une époque où l’émancipation des femmes était encore loin.