Prix public : 15,00 €
Préface :Jean-Yves Loude et René Jaros ont plus d’une fois vécu la collaboration entre écriture et création plastique. Mais jamais ensemble, jamais en des moments aussi extrêmes – l’artiste disparut en juillet 2001.Jaros fut à l’initiative ; le 24 juillet 2000, il appelle Jean-Yves Loude pour lui parler du projet d’une œuvre commune fondée sur l’érotisme ; celui-ci accepte ; l’un créera des images, l’autre écrira une narration. Aucun n’illustrera l’œuvre de l’autre ; ils ont la conviction que la rencontre est possible. Jaros a été frappé par la lecture de « Cérémonie des caresses vagues », une œuvre brève et poétique de Jean-Yves Loude (éditée avec des photographies de Patrick Viron par la galerie Le Réverbère). Il a aimé la sensualité de l’écriture.Les notes de Jaros – après la déclaration de sa maladie en octobre – font état de son implication dans ce travail : en novembre, décembre, janvier, il y réfléchit, s’interroge sur la forme, la technique ; en mars 2001, ils se voient, parlent édition, exposition ; en avril, Jaros a connaissance de la trame du texte ; le 20, il confie à Jean-Yves les six gravures.Quand Jean-Yves Loude apprend la mort de Jaros, il m’écrit sa fidélité à ce projet : « essayer de continuer ce chant d’amour pour croire en la vie… petit à petit, l’histoire se construit, je me la raconte » ; le texte se modifie, s’achève.L’un et l’autre témoignent que l’élaboration de cette œuvre commune « Le Voyage de Pénélope », fut lente, progressive, scrupuleuse ; c’est que son sujet, la femme au plus intime – sexe, émotion, plaisir – a pour chacun la valeur suprême du désir. Ils refusent de se censurer ; depuis longtemps Jaros savait que l’élaboration de ses découpages/assemblages, donnant à ses toiles leur précieux, leur mystère, cachait aussi des dessins originels où s’exprimait la fascination du sexe féminin. Il ne veut plus biaiser ; une série de fusains de la même période en témoigne.Jean-Yves Loude et René Jaros cherchent une voie aux antipodes de la vulgarité. Seules la délicatesse, une attention infinie aux formes corporelles, aux sensations qui en émanent peuvent leur convenir.Le texte est initiation – pour celle qui fut l’épouse fidèle du guerrier Ulysse – aux plaisirs les plus raffinés. Le capitaine qui conduit le voyage de Pénélope en invente les jeux dans une lente progression où toutes les sensations des corps sont explorées. Les gravures, dans la sobriété et la finesse du trait noir et blanc, donnent d’un coup la vision de postures où la femme s’offre et s’expose. Cependant, la mise en scène des chairs dans les délicatesses de dentelles, auxquelles répond la subtilité du dessin, dit la lenteur et la sublimation du travail artistique.Le lecteur, la lectrice qui répondra à l’invitation au voyage et naviguera entre les mots de Jean-Yves Loude et les images de René Jaros explorera les espaces troublants du désir qui relie l’homme et la femme et la puissance de l’expression créative. Evelyne Ro