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Extrait de la préface :La Peau des autres de Valère Staraselski, auteur et président du jury 2015 : [...]Sans remonter jusqu’à Platon dont on sait qu’il chassait peintres et poètes de sa cité idéale puisque selon lui toute œuvre fictionnelle ment, on se risquera à répondre – au prof de philo – que non seulement la fiction dit la réalité mieux que toute autre approche du réel mais qu’en outre, la littérature, la vraie, émet de la pensée. Que la littérature c’est de la pensée, plus l’émotion et parfois la beauté. Par littérature j’entends celle qui refuse d’être assignée à résidence médiatique, celle qui s’écrit loin de l’ordre établi qui se répand sous les sunlights du spectacle permanent. L’apparence de liberté totale ne correspond-t-elle pas trop souvent à la société d’aujourd’hui où tout fait marchandise et où l’assaut du ciel se fait davantage avec des gratte-ciel démesurés (c’est un pléonasme) qu’avec des mots ou des notes de musique, par exemple ? Vouloir « gratter » le ciel est vain, le montrer à celles et ceux qui l’ont perdu de vue paraît plus utile. Ainsi que l’écrit le poète Laurent Mouney « le système s’autoalimente, déployant le peu qu’il lui reste d’énergie pour éliminer les voix discordantes, les intrus qui pointeraient leur nez ».C’est pourquoi, en littérature, comme en amour, le plus souvent il vaut mieux s’inviter ! C’est ce à quoi s’emploie l’espace Pandora en organisant chaque année un concours de nouvelles ouvert à des amateurs avec, à la clé, cette publication que vous tenez entre les mains, présentant un choix de textes effectué par un jury que j’ai eu l’honneur de présider. Pour tout dire, le titre de ce recueil, La peau des autres, me renvoie à la mémoire des périodes guerrières de l’occident et tout d’abord à celle dite de la grande Guerre. Oui, 14-18, qui fit neuf millions de morts et vingt millions de blessés. Qui se souvient de l’horreur des gueules cassées ?... Donc, de cette guerre après laquelle l’expression « avec la peau des autres » donnera chair, en quelque sorte, au mot d’Anatole France : « on croit mourir pour la patrie alors qu’on meurt pour des industriels ! »… Chaque génération qui entreprend d’écrire dit son temps. 14-18 où Le Feu d’Henri Barbusse, Les Croix de bois de Roland Dorgelès, La Peur de Gabriel Chevalier, côté français, À l’ouest rien de nouveau d’Erich Maria, Remarque ou Orages d’acier de Ernst Jünger, côté allemand.Si chaque génération dit son temps, avec les nouvelles de La peau des autres, on entre dans le présent, ou plus exactement dans la perception que les auteurs ont de ce début de siècle. Et, si on n’aime pas toutes les nouvelles de La peau des autres, là n’est pas l’essentiel. Et puis on n’est pas obligé de « kiffer » notre époque. Pour ma part, en dépit de certains oasis et îlots de jeunesse et de promesse, je la trouve massivement régressive, notre époque. Mais cela ne durera pas… Qu’ils maîtrisent plus ou moins bien la nage, celles et ceux que vou