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Christoph Martin Wieland (1733-1813) est un homme de lettres aujourd’hui oublié, il fut pourtant en son temps l’un des acteurs majeurs de la scène littéraire allemande et européenne du XVIIIe siècle. Surnommé par Madame de Staël le « Voltaire allemand », il est l’auteur d’une œuvre prolifique, très fortement influencée par la Grèce antique, cadre de la plupart de ses récits. Egalement traducteur de Shakespeare, précepteur à la cour de Weimar des princes Charles-Auguste et Constantin, il y côtoie les grands esprits de son époque comme Goethe et Schiller. Son opus le plus fameux reste Obéron, poème héroïque (ou épopée). La vie, les amours et les aventures de Diogène le cynique surnommé le Socrate fou (traduit en français en 1819), que l’on peut également trouver sous le titre Socrate en délire (Titre original : Socrates Mainomenos. Oder die Dialogen des Diogenes von Sinope. Aus einer alten Handschrift, 1770) se présente comme un texte écrit par Diogène lui-même, précision de nature à exciter la curiosité du lecteur quand on sait qu’aucun écrit ne nous est parvenu du « philosophe au tonneau ». La préface du pseudo-éditeur (Wieland en fait) narre l’histoire singulière de ce manuscrit unique. Elle dévoile - souvent avec humour - l’enquête et le mystère (le lieu de l’intrigue se situant qui plus est dans un obscur monastère) qui ont précédé la découverte de ce graal littéraire. La suite fait place au récit de Diogène et est constituée de deux parties : Socrate fou, et La République de Diogène. Le premier chapitre, laisse la parole au philosophe que l’on retrouve dans son quotidien, arpentant les rues d’Athènes, apostrophant et provoquant ses contemporains, homme affranchi et sarcastique renvoyant ses interlocuteurs dans des abymes insondables. Le style le plus souvent dialogué, est vif et brillant, à l’instar du personnage qui est arrivé jusqu’à nous sous cette figure du philosophe libre entre tous, morigénant, tempêtant, mais toujours fascinant. Dans le chapitre suivant, plus court, Diogène livre une réflexion plus théorique sur sa conception de la république. Il imagine une société utopique localisée dans une île dont il aurait choisi les habitants et dont l’organisation sociale serait en contradiction avec les préceptes de Platon dont Diogène ne cesse de contester les arguments. Diogène fut un jour surpris par quelques Corinthiens à demander l’aumône à une statue. Ceux-ci le prirent d’abord pour un fou ; mais il leur dit : « Je suis plus sage que vous ne pensez, car en m’habituant au silence de cette statue, je m’habitue au refus des hommes ».