Prix public : 14,50 €
C'est le privilège d'un écrivain aussi subtil que Michael Edwards, fin connaisseur des deux littératures anglaise et française et, précisément, titulaire de la chaire européenne de littérature comparée au Collège de France, que de parvenir à nous faire sentir absolument les exigences différentes de cette double fidélité, à deux langues si proches et si différentes. Rien de mieux cependant que de donner à entendre ici un exemple de ce double chant. Prenons un poème anglais, Appearance : « A fir-tree shivers /as the god appears: / lord of blackthorn, weather vane, hollyhock, / and of the unquiet / infinities / between, in the cool of the day. // One may still, / in this late / after-world, / from a house in town see into the deep of the garden. » Et voici ce même poème en français (est-ce vraiment le même ?), sous un titre qui est déjà lui-même différent, Apparaître : « Le pin tressaille : le dieu / paraît, / seigneur des genêts, des passe-roses, des girouettes // (la voix, le souffle / ici, nulle part, / maître invisible) // des éternelles/ sentes de l'air qui vont vibrant / là-bas, "lorsque se lève un vent doux". // Les temps finissent, / il m'est donné/ sur ce qui reste de la terre / de voir par un bow-window le fond du jardin. » Magnifique poésie dans les deux langues, où les échos d'un Auden étrangement se superposent à ceux d'un Bonnefoy. Mais le poème français part dans de tout autres directions, pour arriver à un texte sensiblement plus long : 13 vers, là où il n'y en a que 10 en anglais.