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Malgré toutes leurs promesses, les religions n'engendrent pas chez leur fidèle une franche gaieté, mais bien plutôt culpabilité et intolérance. Le christianisme n'y échappe pas : « Je croirais en leur dieu, raillait Nietszsche, s'ils avaient l'air un peu plus sauvés.» Si le xxi siècle, selon la fameuse pro-phétie attribuée à Malraux, doit être religieux ou ne pas être, faut-il qu'il soit celui de la tristesse et de l'autoflagellation ? D'inspiration toute franciscaine, le Traité de la joie du capucin Ambroise de Lombez (1708-1778), contemporain de Voltaire (1694-1778) et Rousseau (1712-1778), se propose de nous donner des remèdes à la tristesse. Car « la tristesse trouble l'esprit, et affaiblit le jugement ; elle nous rend soupçon-neux, ombrageux, timides, incapables de conduire les autres, et plus encore de nous conduire nous-mêmes.» Aucun remède n'est donc à négliger : « Promenez-vous par de beaux jours dans des lieux où l'on respire un air pur et où le spectacle de la nature enchante l'imagination et bannit les images sombres et lugubres que des maux réels ou l'humeur mélancolique, plus dangereuse encore, y avaient empreintes. » Mais aussi « si cet exercice du corps ne suffit pas, le dirai-je ? prenez un peu de vin [...] Que le plaisir que vous trouverez à user de ce re-mède, et l'humeur gaie où il vous mettra, ne vous y fasse pas renoncer. » Ou encore : «Si l'usage du vin ne suffit pas encore, ajoutez-y le chant et la mu-sique.» Le virus de la tristesse rend bête et méchant. En ces temps d'épidémie, le Traité de la joie est, pour les chrétiens et les autres, de salubrité publique.