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Le pseudonyme de « L’Idiota » – ou le « savant idiot » (Idiota sapiens) est évidemment à rapprocher de la « Docte Ignorance » de Nicolas de Cues (1401-1464), mais se réfère aussi à saint François d’Assise, dit « idiota et simplex », ou à l’auteur anglais anonyme du Nuage de l’Inconnaissance. Guillaume Briçonnet est l’une des grandes figures de ce christianisme français de la Renaissance, qui souhaitait retrouver l’esprit de l’évangile et réformer l’Église sans rompre avec le pape. Ce mouvement, protégé par François 1er et Marguerite de Navarre, aurait pu, si on lui avait permis d’aller à son terme, éviter à la France les désastreuses guerres de religion de la fin du siècle. Par ces Contemplations de Marie, le lien s’établit entre la grande tradition mystique représentée par « L’Idiota » et cet humanisme de la Renaissance personnifié par Briçonnet et Lefèbvre d’Étaples. Signées de « l’Idiota », les Contemplations de Marie ont été publiées en latin en 1519 par Lefèvre d’Étaples, célèbre par ses traductions de la Bible. Réalisée par le célèbre Guillaume Briçonnet, évêque de Meaux, la traduction française du texte de « l’Idiota » est publiée à Paris en 1522. « L’Idiota » sera identifié plus tard à un chanoine du XIVe siècle, Raymond Jourdan et ses œuvres publiées en 1654 sous le titre Idiotæ Opera omnia. Les magnifiques accents des Contemplations de Marie sont très proches de ceux de saint Bernard de Clairvaux ou du « service d’amour » courtois des troubadours occitans. Il faut souligner que Briçonnet a fait bien plus que traduire ces Contemplations : il les a extrapolées en maint endroit et surtout les a fait bénéficier de la beauté de sa langue. Ces Contemplations seront l’une des sources des poésies de Marguerite de Navarre, à qui Briçonnet les a fait lire. À travers le mystère de la « femme vêtue de soleil », Briçonnet propose une voie contemplative qui s’inscrit en nette opposition avec les positions de Luther dont on le suspectait d’être proche.