Prix public : 16,00 €
Antoine Bibesco fut l'un des amis les plus proches et les plus fidèles de Proust depuis la jeunesse jusqu'à la mort de ce dernier. Pour lui, Marcel c'était Lecram. Pour Marcel, il était Ocsebib... Ils s'étaient liés par un pacte secret : tout se dire de ce qu'ils entendaient sur l'un et l'autre. « Une seule personne me comprend, Antoine Bibesco ! » écrivait Marcel Proust à Anna de Noailles en 1902. Et à son ami lui-même : « Je t'ai toujours considéré comme le plus intelligent des Français. » C'est là l'intérêt exceptionnel des correspondances et conversations qu'a publiées Antoine Bibesco en 1949 : Proust ne se confie à nul autre comme à lui. Et pourtant ce livre, couronné par l'Académie française, publié à 5300 ex. n'a jamais depuis lors été réédité. Les Bibesco habitaient au 69, rue de Courcelles. Les parents de Proust étaient au 45. La mère d'Antoine Bibesco, la princesse Hélène avait un des salons les plus brillants de Paris fréquenté aussi bien par Bonnard que par Debussy, par Maillol que par Loti. C'est là que Proust fit la connaissance d'Antoine Bibesco et de son frère Emmanuel, qui se donna la mort à Londres en 1917. En 1912, quand Swann est terminé, c'est à son ami Bibesco que Proust confie son manuscrit pour le présenter à la N.R.F. Le livre ne sera pas accepté, mais la lettre qu'adresse Proust à son ami demeure un passionnant manifeste esthétique : « Le style n'est nullement un enjolivement, comme croient certaines personnes, ce n'est même pas une question de technique, c'est comme la couleur chez les peintres, une qualité de vision, une révélation de l'univers particulier que chacun de nous voit et que ne voient pas les autres. »