Prix public : 18,50 €
Sur Schickele, il faut lire ce qu'écrivait Thomas Mann, Prix Nobel 1929 : « Schickele est Alsacien, il est né dans ce pays formant frontière, où depuis toujours les destinées de l'Europe ont balancé entre la France et l'Allemagne : voilà ce qui détermine l'allure et le ton de son oeuvre si riche et si pleine de charmes. » Dès 1931, Schickele est violemment attaqué par la presse nazie et doit s'exiler sur la Côte d'Azur, d'abord à Sanary, puis à Nice-Fabron, « Villa Florida » : « La maison est belle, au-delà de toute attente. [...] La nuit, j'ai le sentiment d'être sur un navire qui entame une longue croisière, au but inconnu. » Schickele partage cette « croisière » vers l'inconnu avec d'autres exilés célèbres, de Huxley et D.H. Lawrence à Thomas et Heinrich Mann. Schickele note au jour le jour les événements et ses rencontres et son journal a toute la vivacité de l'improvisation. Au niveau littéraire, on y trouve d'admirables portraits, pris sur le vif, mais aussi, au début du livre, à la date du 5 janvier 1918, des descriptions émerveillées de la Riviera, des séquences pleines d'humour ou de nostalgie. Au niveau historique, on y lit également, analysée au jour le jour, la montée comme inéluctable du populisme nazi, mais aussi une profonde réflexion sur l'identité allemande. Qu'est-ce que l'Allemagne ? se demande-t-il avec angoisse : « Vous et moi et mon frère [...], il faut qu'on dise un jour que c'est nous qui étions en ce temps - là l'Allemagne authentique. »