Prix public : 23,00 €
Fruit d'une enquête de deux ans en France, en Espagne et au Maroc, ce livre retrace le développement, depuis les années 1990, de la production maraîchère et fruitière intensive en Europe et la brutale dégradation des conditions de vie et de travail des ouvriers agricoles, pour l'essentiel saisonniers. Ainsi, la Marocaine Naïma Farrie, issue d'une civilisation paysanne en voie de disparition, témoigne de la violence produite par un système où les paysans ont laissé la place à des entrepreneurs, voire à des « agri-managers ». Officiellement employée comme saisonnière, Naïma a en réalité travaillé comme bonne à tout faire durant vingt ans et 7 jours sur 7, avant d'être licenciée sans un sou suite à un accident de travail. Et pour une main-d'oeuvre privée de toute protection, cette violence commence sur les lieux de travail : faire des journées de dix ou douze heures dans les serres par 45 ou 50 degrés, tenir de folles cadences de ramassage, vivre sans protection au contact de produits toxiques, etc. Elle se poursuit sur les lieux d'habitation, dans des conditions d'hébergement indignes, voire inhumaines. Elle se traduit dans l'espace public, où ces ouvriers agricoles immigrés, parfois sans droits, sont tout juste tolérés, lorsqu'ils ne subissent pas le racisme comme mode de gestion de l'ordre social. Agriculture intensive, exploitation des saisonniers et des sans papiers, misère et dictature au Sud, consommation au Nord, immigration : des problèmes en apparence éloignés se révèlent ici structurellement liés.