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En octobre 1930, Albert Camus, bientôt dix-sept ans, fils d'une femme de ménage analphabète, orphelin de père, entre en classe de philosophie au lycée d’Alger. Il y fait une rencontre décisive, Jean Grenier, son professeur, plus encore, son mentor. Cette année-là, il ressent les premières attaques de la tuberculose. Il prend conscience de sa mortalité, de l’absurdité de la vie. La lucidité sera son exigence, la révolte son combat, l’écriture son arme. Il accomplira une œuvre. Cette décision prise, il cherche à témoigner de son enfance, de sa famille, des gens de peu du quartier Belcourt. Il écrit, réécrit, pour donner naissance au premier livre qu’il estimera digne d’être publié en 1937, L’Envers et l’endroit. Ses goûts littéraires le mènent à découvrir également le théâtre qui sera, avec le football (son esprit collectif, sa camaraderie, son égalitarisme) la passion de toute une vie. Il crée la première troupe algéroise, adapte et met en scène plusieurs pièces. Infatigable malgré la maladie, il se marie, divorce, adhère au parti communiste, défend la cause des Arabes rompt avec le PC, devient journaliste. Dans ses articles pour l’Alger Républicain, sous la direction de Pascal Pia, un ami de Malraux, il s’engage contre les injustices dont se rend coupable l’administration coloniale. En 1940, en raison de ses prises de positions politiques, il est privé d’emploi sur ordre du Gouvernement général, et doit quitter l’Algérie pour Paris. Dans ses bagages, le manuscrit en cours de rédaction de L’Étranger. Refaire le monde « Chaque génération, sans doute, se croit vouée à refaire le monde. La mienne sait pourtant qu'elle ne le refera pas. Mais sa tâche est peut-être plus grande. Elle consiste à empêcher que le monde se défasse », rappellera Camus lors de son discours du prix Nobel en 1957. Et en effet, lorsque Hitler a accédé au pouvoir, il avait 20 ans. Puis ce fut la guerre civile en Espagne, puis la guerre mondiale. Lire Albert Camus à 20 ans, c’est comprendre à quel point cette décennie est celles de ses premiers combats, combien les thèmes de prédilection de son œuvre se sont forgés à cette époque et pourquoi l’Algérie demeura, toute sa vie, sa vraie patrie.