Prix public : 56,00 €
<p>A la croisée des eaux de l'Asie du Sud-Est continentale et insulaire, parmi les 800 îles de l'archipel Mergui (sud-ouest de la Thaïlande et de la Birmanie), naviguent les Moken, quelques milliers de nomades marins. Une population classée comme archaïque, ce que contredit une grande résistance à l'assimilation-, mal connue, irrémédiablement jugée inassimilable, elle a entretenu le mystère autour d'elle, et la pérennité d'erreurs de jugements scientifiques. Mais les Moken résistent toujours, recomposant leur mobilité selon des critères culturels puissants, en utilisant à leur profit les contradictions des sociétés dominantes environnantes. Ces résistances et les paradoxes culturels ne sont que l'expression d'une idéologie nomade garante d'un mode de vie "traditionnel" toujours actuel. Société de chasseurs-cueilleurs que l'histoire a poussée sur la mer, le coeur des Moken bat au rythme des chasses et des collectes, au rythme des saisons et de la mobilité ou de la sédentarité. Toutes ses activités, chasse, collecte sur estran, récolte de miel, de nids d'hirondelles, d'holothuries, de coquillages, sont l'écho socialisé de la geste de leurs ancêtres, garante de leurs trésors identitaires. Les ancêtres, au cours de leur quête migratoire, fondèrent les sous-groupes exogames et donc la mobilité structurelle. Ils organisèrent la société, aussi bien rituellement (fête des poteaux aux esprits qui réunit les flottilles éclatées à l'approche des pluies et tout le savoir sacré acquis sur leur route), que techniquement en inventant la spécificité du bateau moken considéré comme un double de l'homme et support des enseignements des épopées. Le quotidien moken s'inscrit dans la continuité de ce que rapportent les mythes, les légendes, les contes, les chants, la langue sacrée, une littérature qui seule pouvait expliquer le fonctionnement de la société en fondant un idéal que les hommes d'aujourd'hui poursuivent encore. C'est cette mémoire qui est rapportée ici.</p>