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<div>Afin de communiquer avec les autochtones, les premiers missionnaires jésuites arrivés au début du XVIIe siècle au Vietnam suivent une méthode commune d’apprentissage : composition d’une grammaire et transcription de la langue autochtone en alphabet latin. Alexandre de Rhodes (1593-1660) a publié en particulier à Rome en 1651 le Dictionarium Annamiticum Lusitanum, considéré comme le texte fondateur de la transcription du vietnamien en alphabet de type latin. </div><div>Les vicaires apostoliques français et les prêtres des Missions Étrangères de Paris s’installent à leur tour en Cochinchine et au Tonkin à partir de 1663. Ils fondent un collège général à Ayutthaya (Siam) et des collèges locaux au Tonkin dans le but de contribuer à la formation d’un clergé autochtone, lequel utilise l’écriture romanisée du vietnamien. </div><div>En 1858, l’occupation de la Cochinchine par les Français modifie en profondeur la situation politique, linguistique et culturelle du Vietnam. L’écriture romanisée du vietnamien, nommée le quốc ngữ, sort du cercle de l’Église ; il est alors introduit dans l’enseignement en Cochinchine et devient l’écriture officielle pour la rédaction des documents administratifs (1882), puis au Tonkin et en Annam (1884-1885). Fort du soutien actif des intellectuels vietnamiens, le quốc ngữ est alors largement enseigné avec pour objectif la lutte contre l’analphabétisme. Après l’abolition du système de recrutement par concours des mandarins en 1919, il est substitué aux caractères chinois dans presque toutes les sphères d’activité de la société vietnamienne et devient écriture officielle nationale en 1945.</div><div>Le succès de l’écriture romanisée du vietnamien, inédit dans le monde soumis à l’influence culturelle de la Chine, est le fruit de deux volontés parallèles : celle des colons français qui veulent apprendre plus facilement le vietnamien et rapprocher les cultures vietnamienne et française, et celle des lettrés vietnamiens, qui y voient un outil de lutte contre l’analphabétisme et de généralisation de ce que nous appelons aujourd’hui la littératie.</div>