Prix public : 20,00 €
Comment expliquer que l’écriture de Maurice Genevoix dégage un tel charme ? Comment se fait-il qu’elle impose aussi puissamment, aussi invariablement, une douce et bienveillante présence dans l’esprit du lecteur ? Certes, cet écrivain est servi par une élégance stylistique rare, une musicalité, un contrepoint subtil entre la gravité et l’extase, une capacité à restituer des images, qui confinent au sortilège. Assurément, aussi, l’écriture de Genevoix participe de l’art hybride, en procédant d’une peinture mise en musique avec des mots. Une forme d’art intégral, pour lequel la plume de l’écrivain, le long de son geste lent et sur, semble tout autant vibrer de la baguette du chef d’orchestre et du pinceau du peintre. Mais ceci explique peu.Dans sa préface accordée à Sous Verdun, première œuvre de l’écrivain, Ernest Lavisse, directeur de l’Ecole normale supérieure, écrivait : « son œil voit tout, son oreille entend tout. » C’était là, en revanche, dire à peu près l’essentiel sur Genevoix, homme de grande humilité, indemne de tout narcissisme, que la brillance intellectuelle n’avait pas écarté du monde sensible ; un être poreux, ouvert, formidablement attentif, qui aimait la vie chez les vivants, bien au-delà de la sienne.