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LE JOURNAL DE YAËL KOPPMAN. Si Yaël Koppman n’avait pas croisé, à la faveur de ses travaux universitaires, la figure de John Maynard Keynes, sa vie serait probablement restée celle qu’avec un brin de complaisance et beaucoup de dérision, elle dépeint dans son journal intime : la vie d’une trentenaire désœuvrée, cultivant une relation conflictuelle avec sa mère, vivant en colocation avec son meilleur ami, collectionnant les hommes et s’en remettant en général à sa brillante cousine, Clara, éditrice de son métier. Quand cette dernière lui suggère de se désennuyer en écrivant de la Chick Lit, de la littérature de poulette – genre qui lui conviendrait parfaitement, glisse la perfide –, Yaël est piquée au vif : elle écrira, oui, mais sur la filleule de Keynes, son économiste préféré, qui était aussi la nièce de Virginia Woolf, son écrivain préféré. Bien consciente que la figure d’Angelica Garnett, puisque c’est d’elle qu’il s’agit, lui tend un étrange miroir, elle se lance à corps perdu dans des recherches sur cette petite fille qui a grandi solitaire parmi les grandes figures de Bloomsbury, qui a vécu bien malgré elle la vie quasi communautaire de ces fantasques intellectuels des années vingt et assisté à leurs expériences sexuelles. À travers la vie d’Angelica, c’est bientôt la sienne propre que contemple Yaël, celle de ces enfants des années soixante-dix curieusement frustrés que leurs parents n’aient pas renoncé à leurs utopies. Le constat est acide et sans illusion. Le Journal de Yaël Koppman devient alors , le roman au vitriol d’une génération qui, si l’on en croit l’exemple de Yaël, finira par trouver son équilibre. Marianne Rubinstein est née en 1966 à Paris. Elle est maître de conférences en économie à l’université Paris 7. Le Journal de Yaël Koppman est son troisième livre, après Tout le monde n’a pas la chance d’être orphelin (Verticales, 2002) et En famille (Phébus, 2005).