Prix public : 19,00 €
Ouvrage de photographies noir et blanc présentant la démesure de ce pays vert qu’est le Cantal.Il en va des pays comme des hommes… Certains, aimables et hâbleurs, se dévoilent à peine rencontrés, sans retenue aucune, avec faconde, indécence ou générosité. On en connaît d’autres pour la douceur de leur climat ou de leurs roches, pour le cours indolent de leurs fleuves dont les flots égrainent le passage des jours…Pour chacun d’eux, on se complait à fixer sur le papier les camaïeux éclatants des sous-bois, des champs ou des garrigues, en débordement de nuances et de touches multicolores.Mais comme le sait l’amateur averti, il n’est de meilleur portrait, quand on désire révéler le caractère d’une personne, capturer son image dans sa vérité nue, que le noir et blanc.Là, sans faux-semblants, sans artifices, l’homme ou la femme se révèle à l’œil de celui qui sait les sublimer, les apprivoiser. La couleur bannie, on va à l’essentiel, aux lignes, aux masses, aux saillies et aux creux que se partagent et sculptent ombre et lumière.Car c’est bien de cela qu’il s’agit ici : un portrait, celui d’un pays, le Cantal, comme on ne vous l’a encore jamais montré. Loin des vues lisses des cartes postales, c’est l’âme, le cœur sauvage et brut du Cantal, que Frédéric Angot a voulu capturer. Secret, tout replié qu’il est dans son manteau de pierre, sous son hirsute tignasse de forêts et de bois, tel un pâtre revêche, notre Cantal ne s’offre qu’à celui qui sait prendre le temps de l’apprivoiser… Dans le matin frissonnant, en écharpe de brume, même à l’aube du XXIe siècle, il oscille encore entre ce monde et un autre, et il ne faut guère d’effort, au poète ou à l’écrivain, pour basculer au pays des Dracs, des Grands Veneurs et des Galoups… C’est là, en ce lieu ténu entre rêve et réalité, que nous vous convions, au long de sentiers perdus, où la civilisation s’achève, où la raison, celle du nouveau millénaire, des ordinateurs et d’Internet, cesse d’avoir cours. Là vous guettent des arbres qui, de leurs branches noueuses, telles des hydres à cent membres, paraissent vouloir accrocher les nuages, des solitudes ensauvagées rythmées de cairns de pierre qu’on croirait dressés là à l’usage des fées… La présence de l’homme, dans ce Cantal que Frédéric Angot nous invite à explorer, se fait discrète, pustules de pierres branlantes agrippées à la chair des montagnes en matière de burons, faisant le dos rond quand se lève le vent chargé de neige…Au détour d’un sentier, d’une grange que les ronces grignotent patiemment, avec l’opiniâtreté tranquille du végétal, vous attendent des visions insolites : épave de voiture qui jamais plus ne roulera, chemin de fer ne menant plus nulle part, l’un et l’autre pareillement digérés par la nature vorace.Chemins de croix et chapelles perdues rythmeront votre voyage, sous le regard de pierre de gargouilles moqueuses, de lions pétrifiés ou de Christ en croix que les araignées, serviables, habillent de leurs soieries délicates…Des chevaux fantastiques, qu’un charron fantôme n’eut pas reniés pour tirer son attelage, côtoient ici les reines de nos montagnes, ces vaches de Salers qu’on croirait tout droit tombées, inchangées, des premiers temps de l’humanité, sous l’œil sorcier d’un matou aux allures de lynx.Frédéric Angot entrouvre pour nous la porte entre les mondes, pour nous mener en un lieu hors du temps, où la roche et le ciel imposent leur rythme et leurs rêves au monde des hommes…Tournez la page, et suivez-le, vous ne le regretterez pas…Jean-Luc MarcastelFrédéric ANGOT : Est né le 3 janvier 1971 à Rouen, Normand de souche, Cantalien par amour, photographe-auteur par passion, Frédéric ANGOT photographie sa terre d’adoption depuis 2003. Aussitôt ses valises posées au coeur du Pays Vert, il a le déclic et entreprend un travail d’auteur en noir et blanc sur les paysages du Cantal et ses caractéristiques. Sur cette terre inconnue, unique et attachante, l’oeil de cet autodidacte prend rapidement conscience d’une dimension où le temps n’a plus vraiment la même importance.De nombreuses expositions présentées un peu partout dans le Pays de Salers couronnées par un succès au Muséum des Volcans d’Aurillac en 2008, ont largement contribué à faire connaître son travail dans le département et lui faire gagner la reconnaissance du public.« Terra Incognita » est un florilège de clichés choisis démontrant, une fois encore, que la magie du noir et blanc sait traduire d’instinct le dialogue intime qui se joue entre l’ombre et la lumière. Ansel Adams, Michael Kenna, Jean-Pierre Gilson pour le noir et blanc, Vincent Munier, Stéfano Unterthiner et Jim Brandenburg pour la couleur, sont ses maîtres à photographier.Jean-Luc MARCASTEL : Est né en 1969 à Aurillac. Après des études d’histoire à Toulouse, il retourne à ses montagnes natales où il devient enseignant, infographiste à ses heures, et se consacre à sa passion de l’écriture. Seignolle, Tolkien, mais aussi Henneberg, Lovecraft ou Balzac, illustres conteurs et grands poètes de l’imaginaire, furent ses maîtres à penser. Il est l’auteur de la série «Louis le Galoup», suite de cinq romans qui mélangent habilement fantasy et réalisme médiéval (Éditions Les 3 Épis, 2004, réédition Éditions Matagot, janvier 2009).