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Les sœurs douairières
Nos Mères sont les sœurs douairières, gardiennes du temple de la gastronomie lyonnaise. Issues des provinces environnantes, elles sont toutes originaires de milieux modestes. Ces femmes incarnent une cuisine roborative dont la ville de Lyon est devenue la capitale, celle des Mères de France.
Le club des six vénérables est le premier à avoir créé des mythes vivants dans le monde de la restauration lyonnaise. Six femmes d’exception qui vont lancer le terme officiel : Les Mères lyonnaises.
Ce sont les premières femmes légendaires de la cuisine en Rhône-Alpes à marquer leur temps. Après elles, une multitude de petites Mères locales de l’entre-deux-guerres et des Trente Glorieuses allaient consolider le mythe des Mères lyonnaises.
Elles ont le point commun de parler le patois de leur province d’origine et d’avoir vécu, dans leurs sabots de bois, une enfance laborieuse. Ces anciennes bergères se sont chauffées à la cheminée et éclairé à la bougie.
De la simple buvette au restaurant de luxe, de l’auberge à l’hôtel, de la guinguette à la taverne, tous les milieux de la gastronomie roborative sont réunis à travers ces personnages hauts en couleur. Des plus démunis aux plus riches, elles ont accueilli, parfois même réconforté, toute une clientèle des plus éclectiques.
L’une des plus anciennes de France est la Mère Guy qui ouvre, en 1759, sa guinguette à la Mulatière, aux portes de Lyon. Cet établissement restera ouvert pendant plus de deux siècles. Elle représente la plus ancienne enseigne connue dans le Lyonnais : « La mère des Mères ».
La Mère Brigousse, « La Mère des Plaisirs », ouvrira, quant à elle, à partir des années 1830, sa taverne dans le quartier des Charpennes. On y venait enterrer sa vie de vieux garçon en mangeant des mets en forme de mamelons ou tétons de Vénus.
Plus au Nord, dans le Beaujolais, dès les années 1880, on trouve l’Hôtel de La Mélie alias La Mère Amélie. Personnage haut en couleur, elle est maintes fois représentée sur des cartes postales dans des positions provocatrices pour l’époque : « La Mère excentrique ».
À la fin du XIXe siècle, la Mère Fillioux, « l’Impératrice des Mères lyonnaises », transforma, dans les années 1890, la boutique de ses beaux-parents, « Fillioux, marchands de vin », en un restaurant réputé.
À partir de 1908, se fait connaître l’Auberge de la Mère Bourgeois, « La Mère Dombiste », première Mère au monde à décrocher 3 étoiles au Guide Michelin.
Enfin, pendant la guerre de 14/18, c’est la buvette de La Mère Bizolon, dite « La Madelon », qui sera décorée de la Légion d’honneur pour service rendu à la Nation.