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À Soissons, l'étude des noms de rues révèle des strates d'histoire, autant de couches et de sédiments mémoriels semblables aux couches sédimentaires superposées, qui constituent les plateaux et les replats du Soissonnais. Chaque génération ajoute les noms de ses «héros» du moment et cela aboutit à une stratification réactionnaire, raciste, sexiste, mêlant des noms dus à l'histoire locale à ces «gloires» discutables du récit républicain, au temps de l'empire colonial. Mais la ville a changé?! Les horreurs du colonialisme ne recueillent plus l'assentiment presque général, comme au temps où les Soissonnais prenaient le train pour aller visiter les «zoos humains» de l'Exposition coloniale. Notre ville appartient à tout le monde et pas à une clique de nostalgiques de généraux et de maréchaux colonialistes. Oui, le général Mangin, le «libérateur de Soissons» en 1918, était un massacreur, théoricien de l'utilisation des troupes coloniales, la «force noire», pour mener une guerre où les colonisés, sans droits, n'avaient rien à gagner.