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Né en 1919 en Roumanie, Mattéi Gall est fils de commerçants juifs aisés. A vingt-deux ans, il entre dans la clandestinité : il devient membre du parti communiste, parti interdit qui lutte contre le régime d’extrême droite d’Antonescu. Arrêté, puis emprisonné à Timisoara, à Carensebes ensuite, il a pour camarade de cellule un certain Ceaucescu. Lorsque la guerre éclate, la Roumanie est alliée d’Hitler. Mattéi, comme les autres détenus juifs, est alors envoyé au camp de Wapniarka, en Transnistrie. Terrible camp de la mort où il connaît la famine, le froid glacial de l’hiver ukrainien, les travaux harassants… et l’empoisonnement collectif et concerté — paralysés, les hommes se traînent sur le sol — dû à une nourriture normalement destinée au bétail. Mais, en prison, la solidarité est efficace et, malgré les conditions épouvantables, Mattéi survit. En octobre 1943, Mattéi est transféré dans une autre prison, à Râbnita. Là, les Kalmouks, sous commandement allemand, sont chargés d’exécuter tous les détenus. Agenouillé, face au mur, à côté de ses camarades, Mattéi échappe par miracle à la mort : il s’effondre sur le sol et la balle ne l’atteint pas. Il survivra — avec un autre camarade — au massacre de Râbnita. Après la guerre, toujours inscrit au parti communiste qui dirige alors le pays, il se trouve confronté à la paranoïa stalinienne : « Mattéi a survécu, alors c’est un traître ! » Mattéi, menacé par ses anciens camarades devenus soupçonneux à son égard et donc dangereux, n’a d’autre choix que celui d’émigrer à l’Ouest. Témoin précieux de son siècle, Mattéi Gall aura ainsi enduré tout à la fois la barbarie du nazisme et du stalinisme. Mattéi Gall est aujourd’hui âgé de quatre-vingt-onze ans et vit à Francfort.