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Par l’art, et par la critique qui en déchiffre la portée spirituelle, « tout, même ce mur grumeleux, cette faïence qui s’écaille, sera, est déjà, sauvé. » Telle est l’espérance animant Claude Esteban dans ses Écrits sur l’art, qui s’échelonnent de 1964 à 2006 et sont pour la première fois rassemblés en un volume complet. Nombreuses sont les œuvres qui ont tracé pour lui la voie d’une salvation au cœur du désastre, œuvres que l’on découvrira ou redécouvrira sous un jour nouveau ici, celles notamment de Eduardo Chillida, Arpad Szenes, Velázquez ou Giorgio Morandi. Claude Esteban connaissait très bien l’art de son temps, lui qui a fondé et dirigé la revue Argile aux éditions Maeght, revue connue pour avoir publié, tout au long de son aventure entre 1973 et 1981, Yves Bonnefoy, Jacques Dupin ou Bernard Noël, pour avoir donné à lire en traduction française Anna Akhmatova, Ossip Mandelstam ou Octavio Paz, mais aussi pour s’être fait passeur des œuvres de Geneviève Asse, Alberto Giacometti ou Luis Fernández. Mais il a aussi beaucoup écrit sur les artistes qu’il aimait. Sa prose poétique, d’une sobre élégance, à l’image d’une « lumière sans mémoire » selon sa propre expression, approche chaque fois, comme le note Pierre Vilar, « le secret des secrets, désigné le plus souvent comme l’amande – du monde, du réel, de l’être en un seul mot ». Le poète que ses origines situent à la croisée des cultures espagnole et française se passionne pour les artistes qui, « dans cette Europe en proie à ses phantasmes, au vertige d’une culture qui se perd parmi la foison des techniques », tracent une voie singulière où l’on peut déceler une espérance discrète. Il a porté une attention ardente, par exemple, à la peinture de Giorgio Morandi, à ses énigmatiques natures mortes : « Voici proposées les formes les plus pauvres, celles qu’on ne regarde même plus. Morandi ne choisit pas, ou plutôt il a fixé définitivement son choix sur le plus insignifiant, le plus proche. Il sait que n’importe quel objet peut s’alourdir de présence si le regard s’y attache et lui accorde la durée. » Lui-même n’aura cessé d’exercer une attention qui « s’attache » et « accorde la durée » aux artistes de son temps comme aux artistes classiques. On trouvera dans ce volume des textes consacrés à : Fermín Aguayo, Pierre Alechinsky, Karel Appel, Arman, Nasser Assar, Geneviève Asse, Francis Bacon, Charles Baudelaire, Jean Bazaine, Simone Boisecq, Yves Bonnefoy, Georges Braque, Le Caravage, Sergio de Castro, Marc Chagall, Eduardo Chillida, Giorgio de Chirico, Jean Dubuffet, Paul Éluard, Denise Esteban, Luis Fernández, Joaquín Ferrer, François Fiedler, Jean Follain, Alberto Giacometti, Franscisco de Goya, Mercedes Gómez-Pablos, Le Greco, Stanley William Hayter, Edward Hopper, Horst Egon Kalinowski, Willem de Kooning, Wifredo Lam, Louis Le Brocquy, Claude Gellée dit Le Lorrain, André Malraux, Gilles Marrey, Henri Matisse, Henri Michaux, Giorgio Morandi, Bartolomé Esteban Murillo, Louise Nevelson, Pablo Palazuelo, Jean Paulhan, Octavio Paz, Pablo Picasso, Jean-Marie Queneau, Raquel, François-Auguste Ravier, Rembrandt Harmenszoon van Rijn, Jacques-Joachim-Jean Rigal, Georges Rouault, Pieter Jansz Saenredam, Joseph Sima, Brigitte Simon, Alfred Sisley, Árpád Szenes, Pierre Tal Coat, Titien, Raoul Ubac, Diego Velázquez, Maria Helena Vieira da Silva, Édouard Vuillard.