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L’histoire de la musique identifie si profondément la période dite « classique » à Haydn, Mozart et Beethoven que la musique française entre la fin du baroque (Rameau) et le début du romantisme (Berlioz) paraît suivre le mouvement européen sans parvenir au niveau qualitatif des trois viennois. La comparaison entre des chefs-d’œuvre bien connus à la fois par le concert et par le disque, et une production lyrique française ignorée de la discographie contemporaine n’est pas la méthode la plus adaptée pour évaluer l’intérêt ou comprendre la force d’un art dramatique d’une richesse insoupçonnée. L’étude de plusieurs centaines d’ouvertures d’opéra composées entre 1760 et 1815 révèle une production française reposant sur une esthétique spécifique qui se caractérise par la confiance dans la capacité de la musique instrumentale à annoncer un drame lyrique dans tous ses aspects (littéraire, visuel, poétique). En s’intéressant aux discours théoriques et à la critique, aux procédés dramatiques imaginés par les librettistes et les compositeurs, au style et au statut des ouvertures qui, pendant la Révolution, s’imposent comme un répertoire symphonique national, cette étude attire l’attention sur des ouvrages de Philidor, Monsigny, Cherubini et Méhul, qui ont servi de socle esthétique au théâtre lyrique français et européen du XIXe siècle. Elle invite aussi à revoir en profondeur l’historiographie relative à ce genre en tenant compte de l’esthétique particulière de l’opéra français de la fin du XVIIIe siècle.