Prix public : 15,00 €
Spécialiste de littérature des langues romanes,
ce poète belge a mené de pair une carrière
d’enseignant et de conseiller culturel et politique
à Bruxelles, au Québec, à Rome, Paris,
Cologne, Varsovie et Dakar, et une non moins
brillante et diverse oeuvre littéraire, allant du
conte pour enfants à la poésie en passant par
le roman, la nouvelle et le théâtre. Devant la
grande patience, titre emprunté à Tolstoï, est le
troisième recueil de lui publié par Caractères,
après Gagner du champ sur la nuit (1998) et
Haïkus (2004).
Cette vie en mouvement, riche en découvertes,
anime et alimente le présent recueil, évoquant
à grands traits non seulement sa Belgique
natale dans toute la diversité de ses paysages,
remontant la Meuse de ses polders et tourbières
jusqu’aux rocheuses Ardennes, mais encore
l’Andalousie, la Tunisie (Sloughia) les Açores,
le Brésil. Des peintres aimés, Carzou, Ruysdael,
guident parfois son regard.
Le poids des ans se fait souvent sentir : « J’aligne
les mots, prends note, Écris / obliquement, les
doigts béquillés de cendre ». La solitude, culminant
dans un parc devenu à la tombée de la
nuit « théâtre d’effets déserts », le confinement,
cette mise en boîte imposée par l’épidémie
(« L’air y bourdonne d’un tarissement parcimonieux
»), le désordre du monde, les crues,
la canicule, et la multiplication des violences et
des conflits (« Aujourd’hui la vie s’incline/ Fagot
de rêves/Et mes cartes bornoient ») donnent à
ce recueil des teintes sombrement automnales,
sans épuiser cependant l’attrait sensuel de la
vie (« Au vieux grenier rasé de frais/L’odeur inespérée
de pommes mûres ») et le témoignage
de l’amitié : « Je voudrais écrire ce sourire en
cette/heure où tout vacille. »
François LESCUN