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Les îles du lac Tana, réservoir du Nil bleu situé sur les hauts plateaux du nord de l'Éthiopie, abritent depuis le XXXe siècle ermites et communautés monastiques. Lorsque, au cours du XVIIe siècle, les rois d'Éthiopie établissent leur capitale à Gondar, quelque soixante kilomètres plus au nord, ces hommes de Dieu se retrouvent dès lors aux portes du pouvoir politique. Tantôt refuges lors des guerres ou des troubles internes au royaume, tantôt sanctuaires des dépouilles des souverains et de la légitimité royale, ces lieux saints deviennent le foyer de production d'une histoire écrite et ré-écrite pour compléter ou s'opposer à l'historiographie officielle des souverains. Une historiographie qui voisine souvent le mythe, celui de l'Arche d'alliance ou celui de la Fuite de la Sainte Famille. Cet ouvrage, le premier à proposer une analyse historique de l'art éthiopien des XVIIe et XVIIIe siècles à travers nombre de documents inédits - images, chroniques, chartes et documents fonciers -, étudie la construction de bâtiments civils ou ecclésiaux, les chantiers de décoration monumentaux, la mise en pages des cycles d'enluminures et la constitution des bibliothèques. Cette histoire des lieux, des objets et des peintures du lac Tana met de comprendre l'héritage culturel et les connaissances historiques sur lesquels s'appuient les commandes artistiques comme l'action politique des rois aux XVIIe et XVIIIe siècles. Entre conflits de récits, revendications foncières et patronage artistique, l'auteur dégage les strates successives de l'écriture de l'histoire du royaume, de la fabrication des images, enluminures et fresques d'églises, et de la construction d'une mémoire royale.