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Comment, pendant plus de cinq siècles, les dirigeants de Rome ont-ils pu assurer l'unité d'un vaste empire s'étendant de l'Écosse actuelle aux confins du désert arabique? Une réponse à ce questionnement est apportée par des orateurs de la fin du IIIe siècle de notre ère, originaires d'Autun en Gaule, auteurs de discours rassemblés dans le recueil des Panégyriques latins. Ce livre propose une relecture inédite des Panégyriques latins V(9) et VIII(5), témoins uniques des modes de communication qui pouvaient s'établir entre les représentants d'une communauté civique et les autorités impériales. Dans cet échange mélangeant enjeux administratifs et rituels de cour, convaincre le prince passait par une utilisation habile de la rhétorique de l'éloge. Héritiers de traditions élaborées en Orient à l'orée du Principat, les panégyristes éduens montrent leur maîtrise du genre appelé « discours d'ambassade », mobilisé pour formuler des requêtes officielles ou défendre les intérêts locaux. Dans la stratégie persuasive à l'oeuvre, les fleurs de rhétorique, loin de n'être que de vaines paroles, révèlent une multitude d'informations sur la vie municipale, l'évergétisme, la culture des notables, les rituels du pouvoir et bien d'autres choses encore. Par cette réhabilitation d'une documentation longtemps négligée, l'analyse apporte des éclairages nouveaux sur la survie des institutions et des idéaux civiques en Gaule au lendemain de la crise du IIIe siècle et, chemin faisant, sur la phase ultime du processus de romanisation. En dernier lieu, ces discours révèlent l'existence, au sein de l'Empire, d'un phénomène unique dans l'histoire, produit d'un mélange subtil de pratiques administratives et de tractations diplomatiques entre les cités et le pouvoir central. Le dialogue noué dans le cadre de la « diplomatie intérieure », source de compromis et d'équilibre entre ces deux échelons de gouvernement, a joué un rôle essentiel dans la cohésion de l'imperium Romanum.