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Première histoire de la Bohème rédigée en langue vernaculaire au début du XIVe siècle, la Chronique de Dalimil se hissa très vite parmi les canons de la littérature tchèque. Déclamé, recopié, traduit en latin et en allemand, ce texte anonyme recelait des usages variés. Prétextant livrer une histoire exhaustive du pays, des origines mythiques jusqu'à l'époque contemporaine de son auteur, il communiquait en réalité un message politiquement engagé et appelait son public à se mobiliser contre l'ennemi allemand dans le contexte de crise qu'avait entraîné l'assassinat du roi Venceslas III (1306). Pourtant, derrière les sollicitations visant la « communauté du royaume » ou la « nation », tous n'étaient pas destinés à être les bénéficiaires du projet de gouvernement prôné par l'auteur qui entendait faire de la noblesse locale le véritable décideur du jeu politique. À travers la traduction en français de cette chronique tchèque et le commentaire qui lui est adjoint, ce sont ces écarts multiples – entre la volonté affichée de rédiger une histoire et la critique du présent qui en ressort, entre une prétendue ouverture à l'ensemble des Tchèques et l'indéniable fermeture sociale du message, entre une lecture traditionnelle nationaliste et téléologique du texte et le besoin de le replacer dans son réseau de conception et d'émergence – qu'Éloïse Adde-Vomácka nous invite à mesurer. Son étude magistrale nous permet de mieux cerner et comprendre la teneur véritable de cette œuvre clef de la littérature tchèque et, partant, la mise en mots de l'énoncé politique à la fin du Moyen Âge.