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Perdre subitement la vue est une expérience qui nous confronte à une angoisse radicale, archaïque, universelle. En nous coupant du monde, elle nous réduit à cheminer à côté de la vie sur une marge où il faut tout réinventer pour survivre.
Si la cécité fait des gestes les plus élémentaires du quotidien un problème à résoudre, elle bouleverse aussi nos relations à autrui et nous enferme avec nous-mêmes. Un face à face guetté par le pressentiment du néant. Comment réinventer le temps, l’emploi de soi-même ? Mais à travers ce combat, c’est aussi, en contre-point, un hymne à la vie que compose cette chronique d’un voyage au bout de la nuit : grâce à la convocation du souvenir, par des efforts répétés pour écarter les barreaux d’une prison obscure, et tout en vérifiant le prix inestimable des affections, elle atteste d’une possible remise au monde.
Françoise Grard, née en 1957, est agrégée de Lettres. Après une enfance voyageuse, elle a enseigné en région parisienne tout en publiant de nombreux romans pour la jeunesse. En 2018, elle a publié aux Éditions Maurice Nadeau Printemps amers qui a reçu le prix Jean-Jacques Rousseau.
Avec Et le jour sera pour moi comme la nuit, elle renoue avec le genre autobiogaphique pour évoquer cette fois l’épreuve qui lui a permis d’explorer ses propres ressources, lors d’un exil dans la nuit.