Prix public : 18,00 €
Une anthologie qui vise à questionner la configuration des rapports entre les sexes au sein des œuvres, le merveilleux du conte autorisant des « expériences de pensée » qui ont permis aux conteuses de dire ce qu’aucune femme ne pouvait dire (mais qu’elles pouvaient très bien imaginer). Le conte, genre longtemps renvoyé à la littérature de jeunesse par les hiérarchies culturelles, fut créé dans un contexte bien différent, celui des salons galants de la fin du XVIIe siècle. Genre créé et diffusé majoritairement par des femmes, à destination d’un public mondain, il véhicule par le récit merveilleux un puissant contenu sexuel latent et s’apparente souvent à un récit d’initiation, c'est-à-dire au rite de passage de l’enfance à l’âge adulte, de l’immaturité affective et sexuelle à la maîtrise de son corps, de son désir, de son pouvoir sexuel. À l’intérieur de ce genre stéréotypé (distribution genrée des rôles dans la quête héroïque, félicité nuptiale finale obligatoire), les conteuses de la fin du XVIIe et du début du XVIIIe siècle ont pu laisser leur imaginaire contourner les topoï, mettre en scène des fantasmes, et écrire (à l’abri du merveilleux et du jeu moqueur sur le merveilleux) des scénarios qui transforment les réalités des rapports entre les sexes : en somme, tenter des « expériences de pensée » qui, grâce au prétexte de la fantaisie merveilleuse, osent imaginer et dire ce qu’aucune femme ne pouvait dire. Il ne s’agit pas seulement de rappeler la place décisive des conteuses dans la « mode » du conte de fées à la fin du XVIIe siècle, mais aussi de questionner la configuration même des rapports entre les sexes au sein des contes.