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Inépuisable tonneau de significations, l'œuvre de Rabelais n'en finit pas, quatre siècles plus tard, d'attiser la curiosité de ses lecteurs, d'aiguiser leur appétit de mots et de troubler leurs certitudes. Une douzaine d'entre eux, bien avertis des ruses de son écriture, se sont réunis en cette ville de Montpellier, où il étudia, professa, joua la comédie. Sous le signe d'Erasme, de Lucien, de la farce médiévale, du carnaval, des saints patrons du calendrier populaire? Chacun, après avoir fourni sa râtelée, se prête au rituel des questions. La vérité s'effrite et se dédouble, comme la date de naissance de Rabelais que l'on prétendait célébrer. Est-ce la faute de Dionysos, lui aussi deux fois né ? L'ombre solaire du dieu règne sur ces dialogues, et le service du vin, assuré par le généreux terroir de Languedoc, leur confère une franchise de ton que n'aurait pas reniée maître François. Mais saint Blaise souffle où il lui plaît, et pourquoi ne pas user de cette liberté face à la joyeuse altération du jeune Gargantua ou de frère Jean, aux saillies de Panurge comme à ses intarissables perplexités? Dionysos délie les langues, change les formes, soumet le réseau pétrifié de la connaissance au jeu vivifiant de l'échange, « car de vin divin l'on devient ».