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La plupart des travaux et débats sur les ressources monétaires des travailleurs concentrent leur attention sur le montant des ressources, sur leur caractère équitable ou redistributif, ou encore sur leurs effets sur le marché du travail ou sur les grands équilibres macroéconomiques. Dans ces approches, les modes de financement des ressources apparaissent comme de simples techniques qui varient selon les objectifs politiques (inciter à l'embauche, rendre l'emploi payant, réduire la pauvreté, réduire le déficit des régimes, etc.). Ces modalités techniques ne sont pas sans soulever de débats, en particulier entre capitalisation et répartition. Toutefois, la question en reste au jugement du bien-fondé de la technique (sécurité de financement à long terme, responsabilités de la gestion, capacité de financement de l'économie, etc.) ou à la critique des objectifs poursuivis (dénonciation d'une logique purement comptable). Jamais le mode de financement n'est envisagé sous l'angle de la nature des ressources qu'il implique pour le travailleur lui-même. En somme, toutes les ressources se vaudraient : que l'on soit payé par un complément fiscal sous condition de ressources, par un salaire, ou par une rente d'épargne d'activité, un euro resterait un euro. Nous soutenons pour notre part que la nature des ressources des travailleurs est fondatrice de leur statut. À cet égard, l'histoire de l'emploi et des droits sociaux en France et en Europe trouve son sens dans les transformations de la nature de ces ressources : loin d'être le corollaire ou l'effet secondaire des réagencements techniques des flux monétaires entre impôt, salaire et rente, en fonction des objectifs politiques poursuivis, la mutation de la nature des ressources des travailleurs constitue le coeur même de cette histoire. Cet ouvrage propose une relecture de l'emploi et des droits sociaux en France à l'aune de cette grille de lecture.