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La réflexion que propose cet essai part de quelques événements récents comme l'affaire Rushdie et la profanation de Carpentras qui révèlent le désarroi de l'intelligence dans notre société face à la nomination du «mal». Simultanément, on peut constater une réelle marginalisation des «grandes irrégularités du langage» de la littérature qui relevaient traditionnellement de cet enjeu. Le discours dominant d'aujourd'hui est celui d'un «humanisme» sommaire, renaissant de la ruine des grandes idéologies. Cet idéalisme ignore la conscience «tragique» que l'expérience artistique ravive au contraire à tout coup. D'où la violence de ce que l'on pourrait appeler la «surprise du mal» pour un corps social symboliquement démuni. Ceux qui merdRent tente d'analyser cette situation, ses origines, ses conséquences dans la littérature actuelle, telle ou telle des réponses que les écrivains contemporains tentent d'apporter. Sont ainsi évoqués les ambiguïtés d'une lettre de Céline, l'apothéose officielle de René Char, Francis Ponge de la rage de l'expression à l'âge de la répression, les hésitations de Georges Perec, la grande rhétorique de Denis Roche entre poésie et photographie, l'eros dionysiaque de Pierre Guyotat, la «crise» de la poésie, les tranches de vie trop bien découpées de Claude Simon ou de Michel Leiris. Quel sens peut avoir aujourd'hui le fait d'écrire, d'entrer dans l'invention d'une langue ? Qu'est-ce, pour un écrivain, qu'être «moderne», dans l'afflux d'un présent insensé, après la mort des avant-gardes et la fin des utopies ? Qu'en est-il de ceux qui, dans la tradition de Rabelais, de Sade, de Rimbaud, de Bataille ou de Queneau, maintiennent l'exigence de faire merder, ou plutôt, comme aurait dit Jarry, merdRer la beauté convenue, la pensée pré-pensée et les «chromos» de l'humanisme contemporain ? Christian Prigent tente de montrer le travail de ces questions dans les œuvres de Valère Novarina, de Jean-Pierre Verheggen, d'Hubert Lucot, d'Olivier Cadiot...