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«Pendant l'été torride, ils marchent sur le sable. Ils se couchent sur les herbes sèches. Quand ils sont étendus à terre, au-dessus d'eux le ciel surplombe. Sous eux, c'est l'insensibilité minérale des cailloux. Leur peau se couvre de sueurs plus odorantes que le sang. Quand elle sèche, il s'y forme des dépôts de sel, qu'ils lèchent. Le vide entre leurs lèvres est un plein d'effluves. Ils s'inventent des bouches végétales, d'un bleu vif comme les fleurs bleues. Dans leur chambre embuée de l'odeur nauséeuse du soir, leur nudité est parfumée comme celle des fruits dont on a tranché la chair au couteau. Lorsque, sans voix, ils se tiennent debout face à face, ils sont comme deux pins de haute taille qui auraient pris racine dans la dune, proches l'un de l'autre mais immobiles parce que le vent s'est apaisé sur la mer. Leurs fièvres les ont abandonnés à leurs sources chaudes. Fallait-il vieillir ? Les corps adolescents ont trop de peau, trop de sang, trop d'air dans la poitrine.»