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Eh oui, nulle autre méthode : pas à pas. A tout petits pas, c est ainsi que progresse l histoire littéraire. Je considère la route que j ai parcourue depuis mes premières publications. Qu aurais-je apporté à la Connaissance ? Ma réputation est devenue celle d un destructeur, d un « iconoclaste », simplement parce qu à propos d Alfred de Vigny, puis de Benjamin Constant, j ai eu la chance de tomber sur des documents inédits sérieux, assez graves qu il ne pouvait être question de dissimuler. Deux ouvrages, comme on dit, « négatifs ». Mais les « positifs », en bien plus grand nombre (une vingtaine contre deux), ils ne comptent pas ? Je crois avoir prouvé que J.-J. Rousseau n était pas le persécuté imaginaire, dont on a tant parlé, et qu il fut l objet, de la part de la « secte encyclopédiste », d une fureur, d une haine, d un acharnement sans nom ; que Lamartine n avait rien de commun avec le barde pleurard, le mandoliniste languide pour lequel on l a fait passer ; que Victor Hugo n était point la « cymbale retentissante » de la légende, mais un homme de pensée et d action ; que Zola, honni, déchiré, calomnié pour des raisons, avant tout, politiques, méritait, au vrai, plus que l estime. Si j ai souri (comment faire autrement ?) devant les galéjades de Chateaubriand, l étude que je lui ai consacrée n a rien d hostile, bien au contraire ; comme aussi les rectifications qu il m a bien fallu apporter aux mises en scène de Claudel n ôtent rien à l admiration passionnée que m inspire son uvre ni à la tendresse que j avais pour cet homme. Pas à pas. Nous autres, les prolétaires de l érudition, nous faisons notre petite tâche, commandée par une seule loi : le souci de la vérité. Henri Guillemin