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Quelles sont les motivations de personnalités qui ont choisi, après 1940, de s'engager totalement dans la Résistance ? Intellectuels comme Marc Bloch, Pierre Brossolette, Jean Cavaillès, hommes engagés dans l'armée de métier, comme Henri Frenay et Charles de Gaulle qui en est resté le symbole, Michèle Ansart-Dourlen s'interroge sur les ressorts profonds de ces parcours hors du commun. Pour ces personnages emblématiques, comme pour la majorité des inconnus qui ont décidé de poursuivre la lutte dans les maquis, l'analyse montre que ce sont les convictions personnelles et les passions, bien davantage qu'une idéologie politique commune, qui les ont mobilisés et réunis. Les différentes formes d'action étaient guidées par des idéaux patriotiques, mais elles puisaient leur énergie dans des "affects" d'indignation, de fierté, dans une volonté de reconnaissance, mais aussi dans des passions inspirées par la haine et le ressentiment. Elles dépassaient les clivages politiques antérieurs. Le caractère totalement libre et gratuit de leurs engagements a témoigné d'un individualisme souvent proche d'un esprit anarchiste qui se heurtait à l'obligation de s'unir sous l'autorité morale du général de Gaulle. L'auteur s'interroge sur le sens de ces dissensions. La Résistance a-t elle des traits communs avec les attitudes, révolutionnaires ? Pour des personnalités qui s'éprouvaient alors comme des acteurs de l'histoire, en, quête de leur autonomie d'hommes libres, la restauration de l'État nation selon Charles de Gaulle pouvait-elle résumer, à elle seule, toute lasignification de la lutte ? La confrontation entre les passions patriotiques pendant la Résistance française, comme dans la résistance yougoslave, permet de dégager deux types d'hommes et de finalités poursuivies à travers la lutte contre l'occupant. Ainsi deux formes de résistance en Yougoslavie ont opposé une volonté héroïque de libération et de restauration de la souveraineté nationale, à une lutte dont le but était l'instauration d'un pouvoir communiste de nature totalitaire. Pour comprendre comment naît ou s'efface l'esprit de résistance, de nature autant morale que politique, une approche d'ordre anthro pologique s'impose. Quelles formes ont pris les attachements aux idéaux, comment y a-t-il eu possibilité de sublimation des passions destructrices, comment distinguer les convictions et la passion de la liberté, d'une part et, d'autre part, le fanatisme ? Ces problèmes nous introduisent à une réflexion de fond sur la crise de la civilisation et du sujet démocratique dans le monde occidental.