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Du règne de Napoléon, la légende a surtout retenu la stabilité intérieure ainsi que les victoires militaires lui ayant permis de conquérir la majeure partie de l’Europe continentale. Dans cette imagerie, le passage de la Première République à l’Empire se serait fait presque sans heurt, comme sous l’impulsion du génie d’une personnalité hors du commun. C’est oublier que, pour s’emparer du pouvoir, Bonaparte, aidé de Joseph Fouché, son ministre de la police, mit en place un véritable État policier afin d’éliminer l’opposition royaliste d’une part et de l’autre une opposition républicaine encore vivace. Peu de textes témoignent de ces conflits et tensions politiques, tant la propagande impériale s’employa à idéaliser le nouveau régime et l’ascension de son chef, et à gommer le caractère dictatorial des moyens mis en œuvre, incluant assassinats et procès truqués. L’un de ces textes est celui de Claude Fauriel (1772-1844). Avant de devenir le premier professeur de littéraire étrangère à la Sorbonne et de s’illustrer par ses recherches sur la Grèce, il fut maire jacobin de Saint-Étienne, puis secrétaire de Fouché, poste dont il démissionna en 1802. C'est précisément au lendemain de cette démission qu’il rédige le manuscrit relatant la destruction par Bonaparte de ce qui restait des institutions républicaines après le coup d'État du 18 brumaire. Observateur très bien informé, attentif aux discours politiques et aux comportements les plus significatifs de Bonaparte et de ses proches, Fauriel narre l'instauration progressive et méthodique d'une monarchie héréditaire. Ce manuscrit, resté inachevé, ne fut publié qu’en 1886, alors que le Second Empire avait fait place à la Troisième République. Il est ici présenté et annoté par Jean-Jacques Tatin-Gourier, professeur de littérature du XVIIIe siècle à l’université de Tours et spécialiste de l’histoire politique de cette période.