Prix public : 15,00 €
Kierkegaard adopte différents pseudonymes, enquête à la façon du détective et recourt à des mises en abîme narratives. Sa philosophie indicielle au style si singulier est marquée par les trois stades bien connus de l’esthétique, de l’éthique et du religieux. Se démarquant de l’interprétation habituelle accordant aux trois stades kierkegaardiens une valeur croissante, le présent essai propose une lecture faisant apparaître la dimension métaphysique du stade esthétique. Si le stade religieux du chevalier de la foi culmine en effet dans un ailleurs absolu et ne s’atteint que par un saut, il ne s’ensuit pas que le stade éthique en représente une voie d’accès ni qu’il lui soit donné de supplanter le stade esthétique. L’auteur défend ici, – à travers l’analyse des textes, de la correspondance et des dessins toujours oubliés, dont un autoportrait du philosophe danois – l’idée que le stade esthétique reflète en miroir le stade religieux. Il en incarne l’envers diabolique et s’en rapproche comme son ombre. L’homme de l’éthique se croit bon, l’homme de l’esthétique sait qu’il s’acharne dans le rapport spéculaire à l’autre pour mieux esquiver ce qu’il sait devoir voir. L’éthicien rassure et se rassure dans la bonne conscience, alors que l’esthète interprète les indices et scrute la force d’une présence invisible. D’où le repérage des différents procédés optiques, des dispositifs visuels, des milieux transparents et de la résonance (l’influence d’un Chladni) effectué par l’auteur du présent essai, afin d’examiner leur rôle dans l’oeuvre du Danois. On ne lit pas Kierkegaard impunément, l’auteur du Journal du Séducteur peut séduire jusqu’à l’angoisse. Ses doubles l’ont sans doute voulu