Prix public : 22,00 €
Ce livre constitue une nouvelle édition de La Pensée de Parménide (2008) qui était déjà une version modifiée de Mythe et Philosophie chez Parménide (1986, 1990). Cette quatrième parution est enrichie d’une longue Préface qui tient compte du Papyrus de Derveni, lequel confirme la différence entre eonta (choses qui sont dans le présent) et onta (choses qui sont ou étants), qui fut appliquée dans la troisième édition grâce à quelques indications textuelles. Ainsi, parallèlement à la reprise de la réévaluation du mythe en distinguant mythos comme façon de parler autorisée, qui produit un effet, et logos comme discours catalogique par l’intégration, en plus des généalogies, des mythes du voyage et des chemins en vue du savoir, La Pensée de Parménide avait refusé, pour le singulier eon, le sens habituel d’« être » ou d’« étant », au profit de « Ce qui est dans le présent », en accordant une prééminence au temps et notamment au « maintenant », illustré par le Papyrus de Derveni à travers la différence entre eonta nûn et onta. L’auteur s’écarte ainsi, avec plus d’assurance, des interprétations dominantes, et consolide au cœur de son analyse le penser et la pensée. Légitimée par « Ce qui est dans le présent » (eon) de façon absolue et permanente qui en est la condition « inviolable » (asylon), la pensée appliquée par Parménide au devenir des « choses qui ne sont pas dans le présent » (mè eonta), aux « choses ab-sentes » (apeonta), les convertit en « choses pré-sentes » (pareonta), sans jamais les identifier à une forme d’être. Grâce à cette promotion du présent dans le devenir, l’impossible ontologisation du réel en devenir s’accompagne néanmoins de la possible édification d’une nouvelle physique, différente de celle des premiers Ioniens, à savoir une physique du mélange, fondée sur l’unité de deux « formes », la lumière et l’obscurité, se référant au Feu et à la Terre, et dont le statut doxatique transforme le « nominalisme » propre au devenir des choses éphémères en une pensée (cosmologie) constructive de la doxa. Ce cheminement complexe donne une solution nouvelle au problème toujours en débat de l’unité du Poème, et laisse percevoir, par la transmutation du mythe archaïque, l’émergence de la philosophie comme aspiration au savoir, grâce à l’irruption de la pensée qui, en l’homme, puise sa continuité en lui-même, dans l’inflexibilité de « Ce qui est dans le présent », dont l’enracinement dans la flexibilité de la physis réussit à équilibrer et à fonder la force différenciante de la parole.