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Après « Mauvais genres, mauvaises lectures, mauvaises gens » (éd. Du Cerisier, 2010), Jean-Maurice Rosier récidive en se penchant au plus près sur le « cas » de la bande dessinée. Considéré par beaucoup comme un moyen d’expression mineur, le genre offre pourtant un large spectre de création. Entre objet de divertissement et objet d’art, de l’image d’Epinal figée dans l’histoire, au roman graphique actuel, la bande dessinée peut-elle aujourd’hui être considérée comme un art légitime ? Ainsi, on a beau s’appliquer à mettre Proust en BD (réalisation de Stéphane Heuet), pour beaucoup, c’est toujours Proust qu’on assassine, d’autant que l’inverse est improbable jusqu’à aujourd’hui, à savoir une BD faisant l’objet d’une transposition en littérature narrative (la réciprocité cinéma/BD fonctionne, mais sans apport légitime). Préjugés donc, malgré Rimbaud qui déclarait aimer les peintures idiotes, Gide qui refusait d’éditer Proust, et Sartre qui adorait le roman policier. N’est-ce pas la preuve d’une littérarité incertaine? Pourquoi la lecture d’une BD ne reproduirait-elle pas à l’identique ce qui a cours dans notre rapport à la littérature légitime? À condition de penser, avec Dantzig, qu’«on ne lit pas comme on marche» et, avec Bourdieu, que toute pratique de lecture engage une série de présupposés.