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Le début des Temps modernes a été marqué par des débats entre deux principes exclusifs l'un de l'autre : ou la grâce divine, ou l'agir humain. Or le fondateur des jésuites, Ignace de Loyola, ne se satisfaisait guère de ce genre d'opposition. Le travail philosophique des jésuites a tenté de lui être fidèle, en demeurant au cÅur de la tension entre la foi et les Åuvres.Sont ici présentés les contours de la pensée d'une quarantaine de philosophes jésuites qui ont marqué leur temps, du XVIe au XXe siècle. Tous ont été en dialogue et parfois en débat avec les plus grands philosophes de leur temps : Descartes, Pascal, Leibniz, Kant, Blondel, Heidegger, Gabriel Marcel, Sartre, etc. Par ailleurs, ils ont contribué à renouveler la lecture de Thomas d'Aquin, de Hegel ou de Marx. Si, jusqu'au XIXe siècle, les philosophes jésuites sont européens, au XXe siècle apparaissent des courants en Amérique latine et en Inde, auxquels l'auteur consacre un chapitre entier. Contemporain de la création des jésuites, le Concile de Trente avait été convoqué pour affronter les critiques de Luther à l'institution ecclésiastique. Les enjeux étaient radicaux. On les représente souvent en une forme de débats entre deux principes exclusifs l'un de l'autre : ou la grâce divine, ou l'agir humain. Or Ignace de Loyola, le fondateur de la Compagnie, ne se satisfaisait guère de ce genre d'opposition. On connaît une maxime qui exprimerait sa manière de procéder : " Fie-toi à Dieu comme si le succès des affaires dépendait tout entier de toi, et en rien de Dieu ; alors pourtant mets-y tout ton labeur comme si Dieu allait tout faire, toi rien. " Le travail philosophique dans la Compagnie a tenté d'être fidèle à cette maxime, sans craindre de demeurer au cÅur de la tension entre la foi et les Åuvres, sans accepter de perdre un des termes de cette tension. Ignace concevait que la pratique de la Compagnie se situait précisément là. D'où les attaques envers la Compagnie de la part de chacun de ces deux pôles opposés. Ne seraient-ce cependant pas les catégories philosophiques du " désir " et du " don ", ainsi que la catégorie théologique de l'" action de grâce " qui correspondent le mieux à la conception jésuite ?